samedi 7 décembre 2013

Correspondances

 A Gauchy, dans l'Aisne, à côté de Saint-Quentin, des "juniors" de l'école Henri Wallon et du collège Paul Eluard sont allés à la Maison de la Culture et des Loisirs pour voir la pièce Le Jardinier de Mike Kenny, mise en scène par Agnès Renaud.

La Compagnie de l'Arcade, que celle-ci co-dirige, a eu l'idée de prolonger l'aventure avec un échange de correspondances autour des souvenirs... entre ces jeunes spectateurs et d'autres plus avancés en âge, qui vivent à Gauchy ou à Saint-Quentin.

Comme je l'avais fait l'an passé à Colombes, je propose donc un atelier d'écriture qui aboutit à chaque fois à des lettres "anonymes" que l'on fait circuler entre juniors et seniors...

En guise de boîte à lettres : un arbre, baptisé "l'arbre à lettres", qui voyage d'un lieu à l'autre, semaine après semaine, avec des lettres suspendues à ses branches.

Et le 13 mars, pour fêter l'arrivée du printemps, grande rencontre avec tout le monde, chacun pourra faire connaissance avec son ou sa mystérieux/se correspondant(e) !

> Laurent Contamin

lundi 4 novembre 2013

La sente du théâtre contemporain


Avec Anne Mazarguil, Violaine de Carné et Delphine Lalizout, ateliers de création originaux à l'hôpital Jean Jaurès, Paris 19ème, qui font se succéder inspiration olfactive, écriture et mise en scène, avec les patients.

Extrait d'une des saynètes produites :

.../... A : Tu m’inquiètes. Dis-moi que tu blagues, ou que je rêve, ou que…
B : Tu peux monter, si tu veux.
A : Mais… Et la maison…
B : Quelle maison ?
A : Comment ça quelle maison ?
B : Il n’y a plus de maison. Les meubles ont disparu. On voit encore leur trace dessinée sur les papiers peints décatis. Aux murs, les tableaux, les miroirs ont laissé leur contour de poussière. Leur empreinte vide.
A : Oui… Je vois ça très bien : grandes et hautes pièces fascinantes, moulures d’un autre âge, grisaille des plafonds, vitres cassées, chiendent… Dehors, la vigne vierge a envahi les murs. C’est une bâtisse abandonnée…
B : Tu vois bien. Il suffira d’installer un filet, là, qui reliera notre arbre à ce chêne. Ce sera notre lieu de vie. On sera très bien, ici.
A : Mais qu’est-ce qu’on fera à part observer la flore, les feuilles, les fourmis, les éphémères, les chenilles, les… enfin tout le… comment on appelle ça…
B : L’écosystème.
A : Oui voilà : l’écosystème. On va observer l’écosystème et après ?
B : On prendra des notes, des mesures. On protégera les espèces menacées. On sécurisera les nids. On éloignera les rapaces. On fera peur aux hiboux. On fera de l’élevage de vers à soie. On remplira des tableaux, des graphiques, on vivra de l’air du temps.
A : L’air du temps.
B : L’air du temps, parfaitement : je mettrai un panneau : « L’air du temps ». ça change de « Do mi si la do ré », « Home sweet home », « Mon plaisir » ou  « Sans souci ». L’air du temps : voilà notre lieu de vie. Alors tu montes ou tu restes ?
.../...

> Laurent Contamin

lundi 17 juin 2013

Sciences en toutes lettres

En 2012/13 (et l'expérience se poursuivra en 2013/14), je développe avec Anne Marenco, de l'association Postures et Valérie Lambert, enseignante en physique-chimie au collège Montgolfier (Paris 3ème), une série d'ateliers pour une classe d'élèves de 5ème autour des sciences, intitulés Sciences en toutes lettres.

Le principe en est le suivant :
En fonction de là où en sont les élèves par rapport au programme de physique-chimie, proposer, en résonance, des ateliers d'écriture de textes poétiques courts.

Les poèmes sont ensuite mis en ligne sur Au Menu du Canard, accompagnés de photos (A. Marenco).

Thèmes abordés : en chimie, les différents ustensiles d'expérimentation (tube à essai, Becher, Erlenmeyer...) - en physique : les circuits électriques et la lumière (cf ci-contre) ; les ombres.

Pour lire les textes écrits par les collégiens > cliquer ici

Laurent Contamin


samedi 6 avril 2013

CLEA

En 2012/13, j'ai écrit et fait écrire, à Colombes, dans le cadre d'un Contrat Local d'Education Artistique (CLEA).   On retrouvera sur le blog dédié plusieurs textes des jeunes (et des moins jeunes, puisque la population touchée, sur le territoire, allait de 7 à 77 ans), ainsi qu'un aperçu des différentes actions menées, autant en temps scolaire qu'hors temps scolaire.

Financée par la Ville de Colombes, la Direction régionale des Affaires Culturelles d'Ile-de-France, le Conseil Général des Hauts-de-Seine et l'Inspection Académique de Versailles, cette résidence-mission a eu pour objet de faire partager aux enfants et aux jeunes Colombiens ma démarche créatrice, à la fois en rendant visible et accessible mon oeuvre (mise à disposition des livres dans les médiathèques, séance de signatures en librairie, programmation de spectacles - Tobie, Le Jardin...), et en créant ensemble. C'est ainsi que plusieurs projets ont été menés, comme l'écriture de formes poétiques courtes, la réalisation d'une pièce radiophonique, la création d'une pièce de théâtre... La plupart de ces projets ont pu mettre en synergie des partenaires divers sur le territoire (y compris dans des domaines autres que le culturel ou l'éducatif stricto sensu : l'environnement, le sport...) et ont permis de ce fait des partenariats inédits et singuliers, des brassages, des rencontres... comme autant de chemins de traverse.

Toutes les infos > blog
Laurent Contamin

jeudi 31 janvier 2013

Un hôpital à Royaumont

Avec une classe de CM de l'école René Coty de Gonesse (Val d'Oise), nous sommes allés à la Fondation Royaumont en résidence d'écriture (avril 2010). Il s'agissait de s'intéresser à une époque particulière de l'histoire de l'ancienne abbaye : la guerre de 14-18, durant laquelle elle avait été transformée en hôpital militaire, où officiaient notamment des infirmières écossaises.
A la bibliothèque de la Fondation, chacun de nous a choisi une photo d'époque. Puis nous avons imaginé tous les mots de A à Z que l'on pouvait tirer de la photo...
Abbaye / Brique / Chapeau / Draps / Evénement / Fleur / Genoux / Herbe... (c'est plus dur avec les lettres du bout !)
Nous avons aussi dressé l'inventaire de ce qui était le plus clair et le plus foncé sur ces vieilles photos en noir et blanc. Et puis avec tout ça, nous avons écrit de petits textes en imaginant que c'étaient des lettres qu'envoyaient les blessés à leur famille, comme le verso de la carte postale.
On a retravaillé les textes avec Laurent Contamin pour qu'il y ait plus de présence dedans.
Nous avons ensuite donné une représentation, en ajoutant du bruitage avec Bertrand Amiel qui travaille à la radio. Et on est même passés à la télé !


Le 26 septembre 1914
Chère famille
Est-ce que le bébé va bien ?
Chère famille
A la guerre, je me suis fait amputer du bras.
Cette après-midi, je suis parti à la pêche
J’ai attrapé un poisson.
Chère famille
Cette nuit était très longue et il y avait des obus dans le champ de bataille.
Des obus dans ma nuit
C’est la fin de l’été mais pas la fin de la guerre
Guère la fin, chère famille
Guerre, obus, opération
Arbres, nuages, nourriture
L’infirmière à moustache est une forteresse que je n’oserais forcer.

Lundi 18 juillet 1918
Frérot cher grand frère
La famille va bien ?
Tu sais que j’ai perdu un pied, donc je suis à l’hôpital de Royaumont.
Le pied gauche
Je te dis le gauche mais ce serait le droit ce serait pareil.
Toi et tes deux pieds vous vous en foutez pas mal.
Samedi je vais rentrer : dis pas à nos parents que j’ai perdu le pied.
Cette après-midi, le soleil brille pour la première fois.
Ensommeillé, je suis.
Ensommeillé et plein de haine pour cette folie.
En janvier, il pleuvait, pendant la guerre – dans les tranchées ça faisait des égouts.
L’été sera beau et il y aura des morts.
Points de suspension.
L’odeur des tulipes, de la nature
Des oiseaux, des cris de soldats, des obus
La guerre tranquillement
Ensommeillés seraient les guerriers, oui
Ensommeillés sans cesse, de tranchée en tranchée, terrain gagné pied à pied dans le sommeil.
L’été prochain, j’espère aller à côté de vous, les parents et toi.
Mieux vaut avoir un pied en moins qu’en avoir un dans la tombe, c’est ce que m’a dit un amputé des jambes qui pensait me faire rire.
Pas de nom

3 août 1916
Chère Maman,
Cette nuit dans le dortoir j’ai rêvé de vous.
Deux ans que je n’avais pas rêvé et mon premier rêve est pour vous.
Comment vas-tu ? Y a-t-il des nouvelles de Papa ?
Comment vont les gosses ?
Aujourd’hui nous sommes en train de faire une course de sac et plein d’autres activités.
Je passe une très belle journée, les infirmières jouent avec nous. Il y a si longtemps que je n’avais pas vu de femmes.
Ici il y a des très jeunes, il y en a qui pleurent.
Il y en a qui veulent fuir.
Profiter d’être ici pour s’enfuir.
Ils n’en peuvent plus de cette boucherie.
Mais que feront-ils dans la nature ? Il paraît qu’on fusille les déserteurs.
J’ai vu le fils de ta sœur, j’étais vraiment heureux. Il a beaucoup changé mais je ne t’en dis pas plus.
Notre uniforme est blanc, de même que celui de l’infirmière, et l’uniforme de l’arbitre est noir.
Les infirmières préparent d’autres activités.
Jean-Pierre