samedi 20 décembre 2014

A et autres listes...


Ah Ah
Al Al
Ah
Al Ah?
Ahl…al..a…r
Ar….
Ach so????
Ar….
Ar……Rête!
C’est haut!
C’est trop haut!
C’est là haut, tout là haut
L’eau en toi
L’O en tOi
Vapeur d’eau
Vappereau……
Oui, c’est tOi !
TOi ! TOn nOm
Origine
IMAGINE !
TOi que tu arpentes-
Un tOit-Un tOut petit tOit
fragile mais…
TOut pOintu
Turlututu !

Allez ! grimpe, mOnte et tOut en haut……PlOuf !
PlOnge !
PlOuf ou FlOup !
Tu es Où ???

Je suis l dans le Â
La barre du Â
Tu la vois ?

 ment !
Non ! Â ne ment pas
 Attend.
Ardemment. ……L’OmegÂ

M.D.
Valréas, octobre 2014

Marie-Chantal
ou
Quelques manières de mourir 

Avez-vous connu Marie-Chantal, cette manière qu'elle avait de décliner le mourir ? Non ? Eh bien sachez que Madame,
    « Marche ou crève »
n'était pas son slogan. Trop raffinée, la Dame ! Ce n'était pourtant pas faute de ponctuer ses instants de vie mondaine de poncifs rabattus.
Je me souviens de cette fin d'après-midi de septembre. Le ciel limpide, l'air ambiant encore saturé d'été, rafraîchi d'une légère brise, avaient incité Madame à une promenade pédestre dans les bois. Une heure à peine, la voilà revenue, jouant l'épuisement. Elle s'affale dès l'entrée dans le premier fauteuil ouvert :
    « Je suis morte de fatigue ! »
 soupirs à la clef.
Quelques instant plus tard, retrouvant sa verve coutumière, elle me confiait :
    « Sais-tu que j'ai bien failli mourir de peur ? Figure-toi qu'un sanglier... »
Le soir même, scintillante, elle paradait au centre d'un cercle d'hommes empressés, rivaux en séduction, en esprit. Madame mimait les émois que ces messieurs attendaient d'elle. Je l'entendis s'exclamer dans un cristallin éclat de rire :
    « Cher, vous finirez bien par me faire mourir de rire ! »
Puis, après un semblant de frisson :
    « Je meurs de froid. »
Ce qui lui vaut le bras protecteur d'un galant attentionné autour de ses épaules. Il semble lui proposer de s'avancer vers le buffet. Avec un regard de star de cinéma des années 30 elle s'exclame :
    « La riche idée, je meurs de faim ! »
La bouche pleine, devant un plateau tendu où tintent des flûtes pétillantes de champagne :
    « Vous arrivez à point nommé, je meurs de soif ! »
Verre à la main, de son pas souverain, elle erre de groupe en groupe, esquisse des sourires, évocation de promesses. S'attarde ici, attentive, s'en détourne :
    « Ciel ! Mais c'est que vous me feriez mourir d'angoisse ! »
Et s'éloigne une main sur le cœur.
Plus loin je la surprend à susurrer à l'oreille d'un bellâtre :
    « Cessez, pour l'amour de moi ! Vous me feriez bien
     mourir à petit feu, vous !
    « -Préféreriez-vous, Belle, mourir pour des idées ?
    « -pour des idées ? d'accord, mais de mort lente. »
Marivaudage, marivaudage, éclats de rire taillés sur mesure, en mesure, unisson.

« ….......elle l'a serré au cou, c'est une litote bien sur, ….. une horreur !
    Jusqu'à ce que mort s'en suive. »


Eh bien, contre toute attente, Marie-Chantal n'est pas
    morte pour la France,
elle n'est pas
    morte au champ d'honneur
pour elle pas de
    mort à crédit
ni de
    mort sur ordonnance.
Quant à
    mourir d'aimer
elle en était bien incapable, elle n'avait de vénération que pour sa seule image.
Hélas pour son narcissisme, elle ne put pas même chanter
    « Ah ! mourir pour mourir je choisis l'âge tendre »
elle l'avait dépassé depuis...
Eh oui, Marie-Chantal est tout simplement

    morte de sa belle mort.
Gabrièle Benitah
Décembre 2014

Liste des lieux où j’ai vécu…

Commençons par le seul lieu dont je n’ai aucun souvenir. J’y suis resté trop peu de temps. La maternité de la Roche-sur-Yon. Quand bien même j’y serais resté un mois, je n’en aurais aucun souvenir. Je sais simplement que j’y ai vécu un laps de temps certain.
Le quartier Jean Yole. Tiens ! Ai-je bien écrit Jean Yole ? Phonétiquement, ça tient la route, c’est l’essentiel. Oui, toujours la Roche-sur-Yon, Vendée, 85. Des tours de plus de cinq étages. Nous habitions dans un des appartements du cinquième et nous ne vivions pas à l’étage le plus haut ! Un immeuble,  H.L.M. …
Tiens,  je viens de me rappeler, une photo, c’était avant Jean Yole ! Toujours à la Roche, appartement de la cité Ambroise Paré. La télé allumée, une télévision en noir et blanc. Mon frère Laurent qui danse, moi qui l’observe. Finalement, j’observe depuis plus longtemps que je ne croyais. Je ferme la parenthèse de cet oubli.
Jean Yole, l’immeuble, ses caves, son homme à la cape noire et nous, mes frères, des amis et moi qui nous effrayons mutuellement. Le champ de foire, en face. Il suffit de traverser la route, juste derrière le gymnase. Ses vaches et ses taureaux, des charollais, énormes. Cinq ans… six peut-être, ma sœur est née…déménagement.
La Soulinière des Clouzeaux. Pas de numéro, quelques maisons entre la bifurcation en fourche qui conduit au village même de la Soulinière. Parmi elles, dans un vaste champ, celle où j’ai vécu jusqu’à mes dix-neuf ans. La campagne après la ville. Une aire de jeux et d’investigations de champs, de clôtures électriques, de leurs poignées de châtaigne comme on dit quand par mégarde nous établissons un contact trop intime avec elles, des chemins  jonchés d’ornières creusées par les roues de tracteurs, des chemins bordés  de chênes centenaires, parfois même tricentenaires pour certains. J’aime les chênes, je ne sais pourquoi !
Avignon, rue Pompée Catilina dans le quartier des Sources. Avec ou sans h ? Il y avait un numéro. Lequel ? Une maison que mes parents louent. Un petit jardin. C’est bien, les beaux jours. Montpellier, Avignon ? J’ai préféré Avignon, plus petite faculté. Mon père a donc choisi Avignon… Il faut s’habituer à la chaleur, aux fortes chaleurs même.
Bon, j’ai peu de temps.
Montpellier, étudiant, licence, maîtrise. Pas facile de se loger. La première année, la seule possibilité de logement trouvée, la caravane au camping municipal. L’année où les étangs en Camargue ont gelé, où les flamants roses, phoenicopterus roseus roseus ou roseus ruber sont restés coincés, les pattes prises dans la glace.

Bon, le temps imparti est fini… la liste sera incomplète !
Jean Luc Sauton

mercredi 3 décembre 2014

Désert


  • C'est la faute à St Ex
  • A St Ex ?
  • Oui, cette envie de désert, c'est la faute à St Ex. Depuis le renard et le petit garçon tu as toujours eu envie de te perdre dans le désert.
  • Du sable, du sable, même en format panoramique ce n'est que sable. Et cette couleur : pâle, jaune, ocre. Peu de vert car peu de végétation.
  • Où est l'oasis ?
  • Heureusement entre deux monticules tu nous montres un morceau de ciel. Bleu, très bleu.
  • Il doit faire chaud, ça se voit à la couleur du ciel. Comment dit-on déjà ?  Ah oui, un ciel de plomb.
  • Et ce silence : juste le crissement de tes chaussures.
  • Ce n'est pas vrai : il y a des bruits dans le désert. Le vent. Le vent qui fait parler le sable sur les dunes. C'est à peine croyable le bruit que fait le sable en roulant sur la dune.
  • As-tu soif ?
  • Parfois. L'air est sec, les yeux piquent puis pleurent. Le nez n'arrive plus à respirer. Tu mets le chèche pour te protéger.
  • Mais qu'est-il allé faire dans le désert cet enfant ? 
  • C'est plat, il n’y a rien, personne, aucune vie.
  • C'est faux : les dunes sont hautes, plus tu les gravis, plus elles sont hautes.
  • Et au bout de la photo, dans l'immense paysage, un homme va surgir, venu de nulle part, en sandales, un bâton à la main.
  • Que cherche t-il ? Le renard ?
  • La vie elle est partout. Un insecte qui traverse, un serpent qui coule, des traces de pattes.
  • Où vont-ils ?
  • Si je ferme les yeux et que je tourne sur moi même je ne sais plus de quelle direction j'arrive.
  • Tu peux te perdre ?
  • Oui, facilement et aussi facilement perdre ton âme.
  • Comment est la nuit sur ta photo ?
  • Si la lune est levée c'est le même spectacle sans les couleurs, avec le froid et les étoiles filantes.
  • Tu y retourneras ?
  • Oui, même si ça ne s'est pas du tout passé comme je l'imaginais.
  • Ah bon ?
  • Je n'ai pas rencontré le renard.

Martine Fagard
Valréas, novembre 2014