lundi 14 décembre 2020

Poésie et science

Cette année, approche de la poésie via la science, et vice versa, au collège Jean Moulin de Paris (14ème). Au programme : découverte de la poésie contemporaine avec Anne Marenco, écriture de textes poétiques avec Laurent Contamin, lecture à voix haute et mise en espace par Geoffroy Guerrier. Le tout en lien avec les questions écologiques (rapport homme / animal, réchauffement climatique...), pour une restitution prévue en juin 2020.

Une sensibilisation aux enjeux de défense de l'environnement et de développement durable.

Un projet inter-niveaux, de la 6ème à la 3ème.

Une initiative de l'association Jeunes Pages, avec l'aide du Rectorat de Paris et de la DRAC Ile-de-France > suivre le blog des collégiens

> Laurent Contamin

vendredi 6 novembre 2020

Ateliers par temps de confinement (bis)

Merci à l'association Scènes d'Enfance et d'Ailleurs / ASSITEJ France de faire passer cette information :

 SPECIAL INFOS INTERVENTIONS EN TEMPS SCOLAIRE ET HORS TEMPS SCOLAIRE

Le décret du 29/10 n'interdit pas les intervenants extérieurs.... Donc par définition, toutes les actions Eac au sein des établissements scolaires sont autorisées sauf avis contraire prononcé localement ou selon l'appréciation du chef d’établissement et/ou du service du Rectorat (Dasen, IEN etc..)

Sachant que le décret sur la distanciation est réaffirmée et le port du masque obligatoire (sauf si la nature de l'activité même ne le permet pas)
Concernant les activités périscolaires de nature artistique, au même titre que les activités sportives, elles sont autorisées si elles se déroulent (i) dans la continuité du temps scolaire et (ii) au sein des établissements d’enseignement, d’établissements se situant à leur immédiate proximité, ainsi qu’au sein des accueils collectifs de mineurs (exemple des centres aérés).

Les représentations dans les écoles s'inscrivant dans le cadre d'un partenariat et d'un projet pédagogique peuvent se jouer (en accord avec le chef d'établissement).
Les déplacements scolaires ne sont pas contre plus autorisés dans les ERP fermés au public (cinémas, musées…).
Ces informations peuvent être réactualisées en vue de l'évolution des conditions sanitaires

dimanche 27 septembre 2020

Au lycée agricole de Beauvais

Avec 7 lycéen.ne.s du CFA de Beauvais, nous démarrons une séquence consacrée au récit de vie : "Raconte-moi ta vie !", une initiative de Auteurs solidaires (SACD, ACAP Amiens). Une vingtaine d'heures qui aboutiront à l'écriture de quelques textes autobiographiques.

La première séance a été l'occasion de faire connaissance : qu'est-ce qu'ils font ? Qu'est-ce que je fais ? Spécificité de nos métiers respectifs, points de rencontre aussi, peut-être. Ils me font visiter leur jardin d'application, les travaux d'horticulture, de terrassement, les arbres, la serre... Je montre quelques-uns de mes livres.

J'ai extrait et distribué quelques "récits de vie" dans Lisolo, Un verger pour Mémoire, Chambre à Air, on les a lus ensemble, on en a parlé : certains sont écrits au "je", d'autres à la troisième personne du singulier. On s'est interrogés sur la manière de commencer un texte, de réduire en quelques lignes la durée d'une vie : comment faire ? que raconter d'une vie ? par quel bout prendre la chose ?

Peut-être commencer par se lancer sur des textes brefs, des éclats, afin d'appréhender quelques méthodes d'écriture : se donner une trousse à outils.

Quelques textes très courts, donc, genre de "biographies express" : je montre un peu de Noëlle Renaude, d'Annie Ernaux. En cinq lignes, pas une de plus. Du concentré. Chacun a réussi à écrire sa bio express.

Autre chose : on est partie du prénom, noté à la verticale, en acrostiche. Quels sont les mots (noms, adjectifs, verbes, adverbes...) contenus dans ce prénom ? Une fois ces mots mis sur la page, peut-on les relier par un court texte ? Ainsi, d'un mot, naît une liste de mots, puis des phrases, un texte. Comme croît une plante.

Le début d'un inventaire, enfin. Chacun choisit la liste qu'il veut dresser : celle des portes qui ont compté dans sa vie, celle des fenêtres à travers lesquelles il/elle a regardé, celle des lits ou des maisons où il/elle a dormi. Les inventaires sont en cours d'écriture, on les poursuivra la prochaine fois.

Et à la fin... Intervention de musiciens et un petit extrait musical à retrouver ici : https://soundcloud.com/la-sacd/raconte-moi-ta-vie-beauvais

> Laurent Contamin

vendredi 22 mai 2020

Ateliers par temps de confinement


Avec une classe de 3ème du collège Jean Zay de Morsang-sur-Orge (91), nous avons exploré l'imaginaire comme moteur d'écriture... Ils sont allés visiter l'exposition Tolkien à la Bibliothèque Nationale de France, et puis nous nous sommes rencontrés à la médiathèque municipale.

Ils ont commencé à lire Un Verger pour Mémoire pour voir comment l'imaginaire, notamment dans les personnages de Berthe et de Nina, nourrissait l'histoire. Et aussi pour commencer à appréhender une méthode d'écriture. Chacun.e avait choisi une couverture de livre à partir de laquelle ils ont commencé à imaginer un texte : récit, slam, nouvelle... l'idée étant de voir comment l'imaginaire et/ou le fantastique surgissait au coeur du réel.

On devait se revoir, mais assez vite, le confinement est arrivé... Il a fallu travailler autrement. Nous avons pu avancer (et même  terminer) les ateliers grâce à l'implication forte de l'enseignante, par l'entremise de la plateforme de travail à distance de l'Education Nationale.

Quelques textes seront prochainement mis en ligne sur le site de la Maison des Ecrivains et de la Littérature, partenaire du projet. Merci au Rectorat de Versailles et à la communauté de communes Coeur Essonne pour leur soutien.

mardi 28 avril 2020

Retour sur Tobie

Retour sur un atelier d'écriture mené avec la Maison des Ecrivains et de la Littérature au collège de Graulhet (Tarn) avec une classe de 3ème autour de ma pièce Tobie (Lansman Ed.) :

"Tobie", Lansman Ed.
"Dire déjà que j'ai apprécié la progression du groupe qui est entré de plus en plus vivement, fluidement et talentueusement dans la proposition. Il y a eu comme un effet d'accélération au cours des trois séances, vers une appropriation, par les élèves, de l'écriture dramatique.

Raconter le parcours. La première séance a consisté d'abord en une prise de contact, et de questions-réponses autour de "qu'est-ce qu'un auteur ?", "comment le devient-on ? Pourquoi ?", "comment cela se vit-il au quotidien ?", puis davantage autour de l'écriture pour le théâtre, des questions autour de la représentation, de la publication, des écritures "autour du théâtre" que j'ai pratiquées comme la radio, le cirque, la marionnette.

Ils ont préparé des questions.

Ensuite, nous sommes rentrés plus précisément sur la pièce Tobie qu'ils avaient lue, et sur laquelle ils avaient commencé à avancer grâce à une grille de lecture que nous leur avions proposée : la topographie de l'histoire, les quatre éléments et leur influence sur la trame dramatique, la présence d'un objet récurent (les draps), le temps – ou plutôt les temps – de la pièce, etc... Des questions liées aussi à la notion d'adaptation, au regard d'une autre pièce qu'ils étudiaient au même moment, l'Antigone (Anouilh versus Sophocle). La lecture du passé, la lecture du présent. Comment deux temporalités peuvent cohabiter grâce à l’écriture. Cette chose rendue possible. Ce pouvoir-là de l’écriture. La tresse dramatique.

"Tobie", mise en scène Sabine Pernette
La fin de la séance a consisté en un premier atelier d'écriture, en quatre groupes de six ou sept élèves : écrire "la scène qui suit" la dernière scène de Tobie, imaginer une autre fin, imaginer une nouvelle dernière séquence...

La deuxième séquence a été l'approfondissement de l'écriture de cette dernière scène, toujours par groupes. Sensibilisation à la vraisemblance, à la psychologie des personnages, à la prise en compte de ce qui précède, au temps et à l'espace scéniques, à la répartition entre dialogues et didascalies... Nous donnons quelques contraintes supplémentaires pour l'écriture (un objet et deux mots qui doivent être présents dans leur proposition d'écriture). La contrainte devient motif à jouer avec les mots, les actions scéniques, les codes théâtraux. Réinvestir ce qu’on a dit sur les éléments, les espaces, les temps de la pièce. Intérêt pour moi de voir qu’ils ont compris qu’on pouvait s’autoriser l’humour même dans un sujet grave, qu’ils font ressurgir sur scène des personnages secondaires mais importants (le chien), qu’ils « donnent leur chance » aussi à des personnages comme Edna…

Les tâches ont été réparties dans chaque groupe comme dans une petite troupe de théâtre (les comédiens bien sûr, mais aussi le metteur en scène et le dramaturge). Puis nous avons écouté une version radiophonique de Tobie réalisée par France Culture en 2009 et dont j'avais apporté le CD. Discussion, ensuite, sur le bruitage, sur le choix des comédiens par rapport aux rôles, sur le parti-pris par le réalisateur quant au contexte historique...

Richard Davies, Tobie et l'ange
Entre la deuxième et la troisième séance, les quatre groupes ont continué de travailler avec l’enseignante pour arriver à l'écriture de leur scène qui, toutes, étaient de bonne tenue, et qui avaient en outre le mérite d'être à la fois vraisemblables, originales et différentes les unes des autres.

La troisième et dernière séance a pu se faire à l'auditorium de la ville de Graulhet, avec mise à disposition d'un régisseur. Chacun des quatre groupes a d'abord fait une lecture publique de sa proposition, le metteur en scène lisant les didascalies. Premiers retours critiques des uns et des autres, quelques corrections. Puis le metteur en scène voyait quelques instants le régisseur pour négocier une conduite lumière tandis que les comédiens construisaient leur espace scénique. Enfin, répétition générale. Deuxièmes retours critiques, de la part de leur metteur en scène, de la part des autres collégiens, et de ma part. Ultimes corrections. Quand les quatre groupes sont passés, après une courte pause, nous enchaînons les quatre scènes "en condition spectacle". Cela se fait rapidement : un quart d’heure, vingt minutes tout au plus. Nous terminons par un bilan de ces trois demi-journées.

Il me semble pour ma part que la trajectoire qui va du livre à l'écriture, puis de l'écriture à la scène a été bénéfique. Au fur et à mesure qu'ils passaient de lecteurs à écrivains, puis de écrivains à acteurs, ils ont gagné en engagement, en assurance et en participation. Je pense qu'ils connaissent mieux aujourd'hui le texte dramatique, dans les différents enjeux de celui-ci : à la fois livre qu'on peut lire, texte qu'on peut écrire, partition qu'on peut jouer.

Workshop autour de "Tobie" à Québec
J’étais à l’aéroport de Blagnac où le taxi m’avait conduit, en salle d’embarquement, j’avais une demi-heure à attendre. J’ai repensé à ces trois jours, ces trois aller-retours à Graulhet, Tarn. Il y a eu un effet d’accélération et d’accroche avec ce groupe, autour de l’écriture dramatique et de Tobie. Je pense à un avion qui décolle.

Aux étapes : l’installation et le comptage des passagers tout d’abord, puis le positionnement sur la piste de décollage, et pour finir l’accélération jusqu’à l’envol et la poussée des réacteurs. Ce sont ces trois phases que nous avons vécues. D’abord une prise de contact un tout petit peu intimidée, de part et d’autre, mais enfin on va faire un bout de trajet ensemble alors on s’installe dans le projet, et puis on commence à avancer, c’est le moment de l’écriture, on rentre plus profondément des les enjeux de la pièce, et puis enfin, le saut dans le vide pour certains, parler un texte, mettre l’écriture en corps.

J’ai senti, à ce moment-là, qu’on était véritablement embarqués ensemble, et que, comme l’avion qui arrive en bout de piste à pleine allure et n’a plus d’autre choix que de décoller, nous avions pris notre envol ensemble. Chacun ayant été successivement lecteur, auditeur, écrivain, spectateur, acteur, critique. Et pour certains, metteurs en scène. Ce fut un beau voyage."