mardi 12 août 2014

Atelier ados-adultes 2014/2015

D'octobre 2014 à juin 2015, j'animerai un atelier d'écriture à la Bibliothèque municipale de Senlis (60), Place Saint-Pierre.

A raison d'une fois par mois environ, les samedis après-midis de 14h30 à 17h, ces ateliers ados-adultes sont ouverts à tous, dans la limite des places disponibles. L'assiduité est une condition essentielle pour participer à l'atelier.

Une présentation finale d'extraits des travaux écrits sera proposée en juin, à l'issue de la série d'ateliers.

Renseignements et inscriptions au 03 44 32 04 04. Une réunion d'information et de présentation est proposée le samedi 20 septembre à 14h30, à la Bibliothèque.

Ce sera l'occasion de faire plus ample connaissance et de préciser les directions d'écriture pour ces séances.

> Laurent Contamin
> voir le blog dédié

lundi 30 juin 2014

Photo-roman

Avec les élèves de 6ème du collège Charles Fauqueux de Beauvais, il s'est agi d'imaginer une histoire à partir de trois photos qu'ils/elles avaient préalablement prises dans leur environnement immédiat, avec la photographe Tina Merandon, photos qui laissaient la place à l'imaginaire, à l'onirisme, voire au fantastique, l'idée étant d'arriver, pour chacun(e), à l'écriture d'un conte de fées contemporain...

Une fois établi le choix des trois photos pour chaque élève, chacun(e) a décidé de l'ordre dans lequel placer les visuels, et aussi qui serait le personnage principal (oeil objectif ? subjectif ?), et quelle serait l'intrigue - quel début, quel milieu et quelle fin.

Se posait forcément, en cours d'écriture, la question du cadre : ce qui était dans le champ, ce qu'on ne voyait pas... ainsi que les épisodes "manquants", entre deux images. Les textes et les photos ont été exposés et lus au collège, en juin. Merci à l'association Diaphane à l'origine de ce beau projet.


mardi 29 avril 2014

Musées imaginaires

Les élèves de l'école Belle Assise de Clermont (60) ont photographié, avec l'aide de la photographe Stéphanie Lacombe, des objets du quotidien en les replaçant dans un autre contexte, en changeant les échelles... et en y ajoutant des petits bonshommes playmobil.

Une fois mis en scène, ces figurines deviennent des archéologues du futur, découvrant... qui une règle, qui un stylobille, qui une prise électrique, etc. : ils doivent imaginer les utilisations de ces "mystérieux" objets : ainsi, dans un musée imaginaire du futur, comment seraient présentés ces choses familières qui nous entourent ?

Nous avons écrit les cartels de ce petit musée des arts et traditions populaires du futur... Ils seront exposés à Clermont en juin, grâce à l'association Diaphane, ainsi qu'à l'automne à Beauvais, dans le cadre des Photaumnales > + d'infos

les productions des écoliers de Clermont de l'Oise
Quant aux 5ème du collège Montgolfier de Paris, suite à une visite qu'ils ont fait au Musée des Arts et Métiers, c'est à un détournement poétique des inventions exposées que je les ai invités, dans le cadre de l'opération Sciences en toutes lettres proposée par l'association Postures.

Découvrez leurs trouvailles, exposées dans leur "musée des arts émiettés", en cliquant ici !

> Laurent Contamin

mercredi 9 avril 2014

Babel ma belle : la scène manquante...


Dans le cadre de ma résidence à Pont-Audemer cette année, les élèves de CM de l'école Hélène Boucher ont écrit eux-mêmes une nouvelle scène à ma pièce Babel ma belle (à ce sujet, je profite de l'occasion pour conseiller à tout le monde d'aller voir le film La Cour de Babel de Julie Bertucelli, en salles actuellement !). Par petits groupes, ils ont imaginé qui seraient les personnages concernés, où se passerait la scène, et à quel endroit du livre on pourrait l'insérer... Le mercredi 16 avril au matin, ces élèves et les CE2 de l'école Louis Pergaud se retrouveront salle des Carmes pour échanger leurs productions... En attendant, voici un exemple, d'une scène qu'on insérerait page 35 de l'édition du livre (L'Agapante et Cie), les écrivains en herbe s'appellent Lorenza, Salomé et Dylan.

Chez Rémi

Rémi : Salut maman ! Tu vas bien ?
Marine : Oui et toi ?
Rémi : Bien maman. Je viens d’avoir une idée.
Marine : Oui, quelle idée ?
Rémi : On peut prendre un appartement pour Sahil.
Marine : Oui mais il faut beaucoup d’argent.
Rémi : Oui mais toi t’es agent immobilier. Tu as bien un appartement vide pour Sahil.
Marine : Non, je ne peux pas, Rémi. Je n’ai pas le droit. Ça ne se fait pas comme ça.
Rémi : Ah bien alors on peut demander à monsieur Traoré de nous aider.
Marine : Oui, tu peux aller lui demander si tu veux.
Rémi : Bon bien j’y vais.

Chez Monsieur Traoré

Rémi frappe à la porte de monsieur Traoré.
Monsieur Traoré : Bonjour Rémi. Comment vas-tu ?
Rémi : Bien et vous ?
Monsieur Traoré : Pourquoi es-tu venu me voir ?
Rémi : Je voudrais trouver un appartement pour Sahil.
Monsieur Traoré : Je veux bien t’aider à en trouver un mais pour cela il faut faire un vide-grenier. Vas voir dans mon grenier. Je crois que j’ai quelque chose pour toi.
Rémi : Qu’est-ce que vous avez pour moi ?
Monsieur Traoré : J’ai le plus vieux livre imprimé qui date du Moyen âge.
Rémi : Un vieux livre ne peut pas loger Sahil !
Monsieur Traoré : Tu sais Rémi, j’aurais bien voulu loger Sahil mais malheureusement, je n’ai plus de place et mon grenier est dans un sale état.
Rémi : Dommage que vous n’ayez plus de place dans votre grenier. Pour le livre, je ne peux pas accepter. Il est de trop grande valeur.
Monsieur Traoré : Oui Rémi, c’est vrai. Ce livre coûte très cher mais je trouve que l’amitié n’a pas de prix.
Rémi : Merci beaucoup.

Chez Marine

Rémi : Je peux appeler Sahil ?
Marine : Oui, tu  peux pour lui annoncer la nouvelle.


samedi 29 mars 2014

Correspondances à Rambouillet

Une partie du groupe des "seniors", au théâtre
Le Nickel, à l'issue d'une des séances
Une vingtaine de jeunes Rambolitains et Rambolitaines de l'école Saint-Hubert ont correspondu avec leurs aîné(e)s d'environ deux générations. Correspondances "anonymes" pour le moment, qui aboutiront le 11 avril 2014 à une rencontre festive au cours de laquelle... il s'agira de deviner qui est son (ou sa) mystérieux(se) correspondant(e).

Cette action, basée sur des ateliers d'écriture que j'ai le bonheur d'animer (avec à chaque rencontre une injonction d'écriture différente basée sur le thème des "premières fois que..."), prend place grâce à la Compagnie de l'Arcade (qui monte le spectacle Le Jardinier, de Mike Kenny, qu'ont pu voir les participants - à l'instar des ateliers menés à Gauchy) et au Théâtre Le Nickel de Rambouillet.

Initiés à l'origine lors de ma résidence d'écriture à Colombes il y a un an, ces ateliers "correspondances" prennent ici, à Rambouillet, une saveur particulière : ceci grâce à un prolongement théâtral (ateliers de lecture expressive des textes écrits et reçus, par la comédienne Anne de Rocquigny). C'est ainsi que le 23 juin prochain, au Théâtre Le Nickel, aura lieu une lecture mise en espace, en voix, en corps, par les correspondants qui le souhaiteront : les écrivains se feront lecteurs.

Un exemple de lettre écrite par un "junior"...

Les seniors se lisent leurs lettres : celles reçues,
celles qui vont partir... Echange d'impressions
Cher « je ne sais pas qui »,

La dernière fois que j'ai connu une très grande chaleur, j'étais en train de faire des pizzas avec mon père et si vous voulez refaire la recette il vous faut : de la pâte à pizza, de la sauce tomate, du fromage et des champignons.

Et quand j'ai ouvert le four, de la fumée est sortie et j'ai eu très chaud à la langue lorsque j’ai goûté, alors j’ai bu beaucoup d’eau !    

Je ne sais pas si elle était très chaude ou si j'étais fier de ma pizza. Et vous comment ça va ? J'ai hâte d’être le 11 Avril pour vous rencontrer, pour savoir si vous êtes une fille ou un garçon.

Et  vous quel est votre grand souvenir de chaleur ?

Signé Kento


... Et un exemple d'une autre lettre, écrite cette fois par une "senior" :


Bonjour Antoine,


Les "seniors" et les "juniors" rivalisent de talent...
y compris pour la décoration des enveloppes !

Je m'appelle Françoise et  j'ai attendu ta lettre avec impatience.

Ton dessin avec le chameau est très joli.  J'ai découvert que  tu as eu plusieurs fois chaud et à différentes occasions !!

Moi je me souviens d'un jour où j'ai eu très chaud ! C'était l'été 1976.  Enfant, je passais chaque été à Mascousseil, un village de montagne situé en Lozère.

Depuis mes 9 ans,  j'ai pris l'habitude d'aller avec Pierre,  le boulanger. J'aimais bien être avec Pierre. C'était le  cousin de ma grand-mère. Chaque mardi après-midi, on partait tous les deux  faire  "la tournée dans la montagne" avec son vieux camion gris - le même que Louis la Brocante. On faisait un circuit de petits villages ou de maisons isolées pour aller vendre du pain, des gâteaux, des fruits, des graines pour les poules...  aux gens qui étaient loin du village, qui étaient âgés ou qui n'avaient pas de voiture.
Ce sont les juniors qui ont fabriqué, avec l'aide de leur
enseignante, cette magnifique boîte à lettres

En 1976,  Pierre et moi étions en short et en débardeur tellement il faisait chaud.  On appelle cela la canicule. Pour charger le camion, on faisait des allers-retours du  four où il faisait son pain et ses gâteaux à dehors. A 14h précises, on partait le camion  plein. Tout était réparti dans des caisses.  Hum, ça sentait bon dans le camion...  

Les deux sièges  étaient  recouverts de  plastique ; avec le soleil qui avait tapé dessus pendant des heures, ils nous brûlaient et nous collaient les fesses. Une fois habitués, on commençait par descendre nos vitres à la main  pour faire courant d'air et avoir moins chaud. Et nous voilà partis pour quatre heures de voyage...

Sortis du village, commençaient les montagnes, les ravins... Les caisses, mal calées, allaient de droite à gauche à chaque virage et  finissaient par faire une petite musique. On attendait avec impatience Puzenne. Dans cette forêt de pins, on avait de l'ombre pendant quatre kilomètres. La forêt était fraîche et sentait bon.

Le facteur est passé... Un junior en pleine lecture
de la lettre qu'il vient de recevoir
et à laquelle il va répondre
A la sortie de la forêt, on traversait le vieux pont du Doulou, la petite rivière, et de nouveau on se remettait à avoir chaud !! Adieu l'ombre !! Même les papillons avaient l'air d'avoir du mal à se déplacer !! De temps en temps, Pierre me prêtait son grand mouchoir à carreaux pour m'essuyer le visage car on transpirait beaucoup.

Lorsque qu'on arrivait quelque part, on klaxonnait pour annoncer notre arrivée. On s'arrêtait. On sautait du camion, on ouvrait les portes arrière  et là, j'oubliais pour un instant la chaleur. J'étais l'assistante de Pierre et je jouais à la marchande.

Partout nous étions bien accueillis. Les gens étaient heureux de nous voir, de parler et de nous acheter à manger.  Tous nous offraient à boire pour nous rafraîchir.  J'en ai bu des menthes à l'eau ce jour-là !!

Au plaisir de te lire,

Françoise

On en parle dans Les Nouvelles !







jeudi 20 mars 2014

Retour d'expérience : accompagnement en écriture

 L'Esperluette est un collectif associatif qui regroupe, Porte de Pantin à Paris, des compagnies de théâtre, des structures de production, des comédiens, des auteurs, des metteurs en scène...

A deux reprises, L'Esperluette m'a demandé de proposer à ses membres un accompagnement en écriture avec des temps collectifs alternés avec un coaching individuel, afin d'aider à l'avancée des projets personnels de chacun.

Il s'agissait généralement d'écriture théâtrale, et l'idée était de "mettre le pied à l'étrier". Certains des projets ont abouti à des créations (Givre, de Christine Spranger, par le Théâtre du Petit Matin, mise en scène à Evreux, L'Encens et le Goudron, de Violaine de Carné, par la compagnie Le Tir et la Lyre, en Avignon...).

J'ai également proposé à mes quatre compères auteurs du G5 d'animer un autre atelier d'écriture, toujours à destination de ce public sensibilisé au théâtre, afin d'avancer ensemble sur l'écriture d'une pièce écrite à partir d'articles de journaux. Chaque participant au stage passait deux jours avec chacun des auteurs du G5.

Cette "écriture du quotidien", c'est aussi ce que j'ai proposé, en 2012, à un petit groupe d'usagers de la bibliothèque de Cormontreuil (51), durant des rencontres régulières, le temps d'un automne.

J'essaye toujours, lors de ces sessions, de veiller à ce que l'écriture ne soit pas uniquement cérébrale mais reste connectée au corps (nous commençons par un échauffement, nous passons de l'écrit à l'oral...), de ne pas séparer l'activité d'écriture de celle de la lecture dans un va-et-vient curieux et gourmand avec des auteurs ayant un rapport avec le projet d'écriture, et enfin de décloisonner les types d'écriture (poésie, théâtre, récit, nouvelle, journal...), encourageant l'écrivant à se jouer des cases et des genres pour toujours mieux affirmer sa propre parole.

vendredi 7 février 2014

Haïkus d'hiver

Avec les élèves de CP de l'école Louis Pergaud de Pont-Audemer (27) où j'interviens dans le cadre de ma résidence d'auteur, nous sommes partis de Il est interdit aux Poissons de grignoter les Pieds des Tortues (Ed Le Jardin d'Essai) pour écrire des haïkus qui se passent en hiver... puisque c'est la saison où nous sommes maintenant.

Ces petits poèmes, nous irons les lire en avril aux élèves de 6ème du collège Pierre et Marie Curie qui écrivent eux aussi à partir du même livre (mais ils écrivent des scènes de théâtre, eux) : alors nous ne pouvons pas trop les dévoiler ici avant, mais quand même, en voici quelques-uns en exclusivité :

Le bonhomme de neige
Que j'ai fait
Oh ! Comme il tremble !
Alison

La longue nuit
Est vraiment magique -
C'est moi qui dors...
Soumaya
Je m'allonge
Sur la neige :
La trace de mon corps !
Paul

Pas de fleurs -
Pas contente :
Ca m'énerve !
Zoé

> La résidence
Laurent Contamin

vendredi 10 janvier 2014

Une résidence en Normandie

Dans le cadre d'un Contrat Local d'Education Artistique et Culturelle à Pont-Audemer (27), je rencontre plusieurs classes afin de développer des projets d'écriture :

- Avec les CM2 de l'école Hélène Boucher et les CE2-CM1 de l'école Louis Pergaud, nous partons de mon livre Babel ma belle : écoute de la pièce radiophonique, découverte du livre, discussion sur les personnages et leurs différentes origines, évocation des langues avec le mythe de la Tour de Babel, écriture d'une scène finale ou d'une scène intermédiaire, sous forme de monologue ou de dialogue... Les deux classes se rencontreront le 16 avril, salle des Carmes, pour lire leurs productions à voix haute ;

- Avec les CP de l'école Louis Pergaud et les 6ème du CES Pierre et Marie Curie, découverte de Il est interdit aux Poissons de grignoter les Pieds des Tortues : écoute de la pièce radiophonique, découverte du livre, texte et illustrations... Pour les collégiens, recherche documentaire au CDI afin d'introduire un nouvel animal dans le jardin, et d'écrire une scène dont il serait le protagoniste : toutes ces scènes mises bout à bout serait comme un livre-miroir du conte d'origine... Avec les CP, approfondissement de thèmes abordés par l'histoire (l'émerveillement, les saisons...) pour arriver à écrire des petits suppléments à l'histoire d'origine sous forme de haïkus - là aussi, les deux classes se rencontreront, le 14 avril, pour échanger, au CDI du collège ;

- Avec les CM de l'école Paul Herpin, développement d'un atelier d'écriture poétique, en lien avec une oeuvre plastique du musée Canel. Exposition des textes pendant le carnaval et lecture au musée, en avril, pour une visite qui prendra la forme d'une déambulation poétique, d'oeuvre en oeuvre...
Avec chaque groupe-classe, une première séance de rencontre avec questions sur l'écriture, le métier, l'oeuvre... et une dernière séance de restitution publique, sous forme d'une visite poétique du musée, le 17 avril ;

- Enfin, à destination du tout public, récital musical et poétique improvisé, le vendredi 21 mars à la bibliothèque municipale, pour fêter l'arrivée du printemps... des poètes.

> un article écrit par des élèves
Laurent Contamin

samedi 7 décembre 2013

Correspondances

 A Gauchy, dans l'Aisne, à côté de Saint-Quentin, des "juniors" de l'école Henri Wallon et du collège Paul Eluard sont allés à la Maison de la Culture et des Loisirs pour voir la pièce Le Jardinier de Mike Kenny, mise en scène par Agnès Renaud.

La Compagnie de l'Arcade, que celle-ci co-dirige, a eu l'idée de prolonger l'aventure avec un échange de correspondances autour des souvenirs... entre ces jeunes spectateurs et d'autres plus avancés en âge, qui vivent à Gauchy ou à Saint-Quentin.

Comme je l'avais fait l'an passé à Colombes, je propose donc un atelier d'écriture qui aboutit à chaque fois à des lettres "anonymes" que l'on fait circuler entre juniors et seniors...

En guise de boîte à lettres : un arbre, baptisé "l'arbre à lettres", qui voyage d'un lieu à l'autre, semaine après semaine, avec des lettres suspendues à ses branches.

Et le 13 mars, pour fêter l'arrivée du printemps, grande rencontre avec tout le monde, chacun pourra faire connaissance avec son ou sa mystérieux/se correspondant(e) !

> Laurent Contamin

lundi 4 novembre 2013

La sente du théâtre contemporain


Avec Anne Mazarguil, Violaine de Carné et Delphine Lalizout, ateliers de création originaux à l'hôpital Jean Jaurès, Paris 19ème, qui font se succéder inspiration olfactive, écriture et mise en scène, avec les patients.

Extrait d'une des saynètes produites :

.../... A : Tu m’inquiètes. Dis-moi que tu blagues, ou que je rêve, ou que…
B : Tu peux monter, si tu veux.
A : Mais… Et la maison…
B : Quelle maison ?
A : Comment ça quelle maison ?
B : Il n’y a plus de maison. Les meubles ont disparu. On voit encore leur trace dessinée sur les papiers peints décatis. Aux murs, les tableaux, les miroirs ont laissé leur contour de poussière. Leur empreinte vide.
A : Oui… Je vois ça très bien : grandes et hautes pièces fascinantes, moulures d’un autre âge, grisaille des plafonds, vitres cassées, chiendent… Dehors, la vigne vierge a envahi les murs. C’est une bâtisse abandonnée…
B : Tu vois bien. Il suffira d’installer un filet, là, qui reliera notre arbre à ce chêne. Ce sera notre lieu de vie. On sera très bien, ici.
A : Mais qu’est-ce qu’on fera à part observer la flore, les feuilles, les fourmis, les éphémères, les chenilles, les… enfin tout le… comment on appelle ça…
B : L’écosystème.
A : Oui voilà : l’écosystème. On va observer l’écosystème et après ?
B : On prendra des notes, des mesures. On protégera les espèces menacées. On sécurisera les nids. On éloignera les rapaces. On fera peur aux hiboux. On fera de l’élevage de vers à soie. On remplira des tableaux, des graphiques, on vivra de l’air du temps.
A : L’air du temps.
B : L’air du temps, parfaitement : je mettrai un panneau : « L’air du temps ». ça change de « Do mi si la do ré », « Home sweet home », « Mon plaisir » ou  « Sans souci ». L’air du temps : voilà notre lieu de vie. Alors tu montes ou tu restes ?
.../...

> Laurent Contamin

lundi 17 juin 2013

Sciences en toutes lettres

En 2012/13 (et l'expérience se poursuivra en 2013/14), je développe avec Anne Marenco, de l'association Postures et Valérie Lambert, enseignante en physique-chimie au collège Montgolfier (Paris 3ème), une série d'ateliers pour une classe d'élèves de 5ème autour des sciences, intitulés Sciences en toutes lettres.

Le principe en est le suivant :
En fonction de là où en sont les élèves par rapport au programme de physique-chimie, proposer, en résonance, des ateliers d'écriture de textes poétiques courts.

Les poèmes sont ensuite mis en ligne sur Au Menu du Canard, accompagnés de photos (A. Marenco).

Thèmes abordés : en chimie, les différents ustensiles d'expérimentation (tube à essai, Becher, Erlenmeyer...) - en physique : les circuits électriques et la lumière (cf ci-contre) ; les ombres.

Pour lire les textes écrits par les collégiens > cliquer ici

Laurent Contamin


samedi 6 avril 2013

CLEA

En 2012/13, j'ai écrit et fait écrire, à Colombes, dans le cadre d'un Contrat Local d'Education Artistique (CLEA).   On retrouvera sur le blog dédié plusieurs textes des jeunes (et des moins jeunes, puisque la population touchée, sur le territoire, allait de 7 à 77 ans), ainsi qu'un aperçu des différentes actions menées, autant en temps scolaire qu'hors temps scolaire.

Financée par la Ville de Colombes, la Direction régionale des Affaires Culturelles d'Ile-de-France, le Conseil Général des Hauts-de-Seine et l'Inspection Académique de Versailles, cette résidence-mission a eu pour objet de faire partager aux enfants et aux jeunes Colombiens ma démarche créatrice, à la fois en rendant visible et accessible mon oeuvre (mise à disposition des livres dans les médiathèques, séance de signatures en librairie, programmation de spectacles - Tobie, Le Jardin...), et en créant ensemble. C'est ainsi que plusieurs projets ont été menés, comme l'écriture de formes poétiques courtes, la réalisation d'une pièce radiophonique, la création d'une pièce de théâtre... La plupart de ces projets ont pu mettre en synergie des partenaires divers sur le territoire (y compris dans des domaines autres que le culturel ou l'éducatif stricto sensu : l'environnement, le sport...) et ont permis de ce fait des partenariats inédits et singuliers, des brassages, des rencontres... comme autant de chemins de traverse.

Toutes les infos > blog
Laurent Contamin

jeudi 31 janvier 2013

Un hôpital à Royaumont

Avec une classe de CM de l'école René Coty de Gonesse (Val d'Oise), nous sommes allés à la Fondation Royaumont en résidence d'écriture (avril 2010). Il s'agissait de s'intéresser à une époque particulière de l'histoire de l'ancienne abbaye : la guerre de 14-18, durant laquelle elle avait été transformée en hôpital militaire, où officiaient notamment des infirmières écossaises.
A la bibliothèque de la Fondation, chacun de nous a choisi une photo d'époque. Puis nous avons imaginé tous les mots de A à Z que l'on pouvait tirer de la photo...
Abbaye / Brique / Chapeau / Draps / Evénement / Fleur / Genoux / Herbe... (c'est plus dur avec les lettres du bout !)
Nous avons aussi dressé l'inventaire de ce qui était le plus clair et le plus foncé sur ces vieilles photos en noir et blanc. Et puis avec tout ça, nous avons écrit de petits textes en imaginant que c'étaient des lettres qu'envoyaient les blessés à leur famille, comme le verso de la carte postale.
On a retravaillé les textes avec Laurent Contamin pour qu'il y ait plus de présence dedans.
Nous avons ensuite donné une représentation, en ajoutant du bruitage avec Bertrand Amiel qui travaille à la radio. Et on est même passés à la télé !


Le 26 septembre 1914
Chère famille
Est-ce que le bébé va bien ?
Chère famille
A la guerre, je me suis fait amputer du bras.
Cette après-midi, je suis parti à la pêche
J’ai attrapé un poisson.
Chère famille
Cette nuit était très longue et il y avait des obus dans le champ de bataille.
Des obus dans ma nuit
C’est la fin de l’été mais pas la fin de la guerre
Guère la fin, chère famille
Guerre, obus, opération
Arbres, nuages, nourriture
L’infirmière à moustache est une forteresse que je n’oserais forcer.

Lundi 18 juillet 1918
Frérot cher grand frère
La famille va bien ?
Tu sais que j’ai perdu un pied, donc je suis à l’hôpital de Royaumont.
Le pied gauche
Je te dis le gauche mais ce serait le droit ce serait pareil.
Toi et tes deux pieds vous vous en foutez pas mal.
Samedi je vais rentrer : dis pas à nos parents que j’ai perdu le pied.
Cette après-midi, le soleil brille pour la première fois.
Ensommeillé, je suis.
Ensommeillé et plein de haine pour cette folie.
En janvier, il pleuvait, pendant la guerre – dans les tranchées ça faisait des égouts.
L’été sera beau et il y aura des morts.
Points de suspension.
L’odeur des tulipes, de la nature
Des oiseaux, des cris de soldats, des obus
La guerre tranquillement
Ensommeillés seraient les guerriers, oui
Ensommeillés sans cesse, de tranchée en tranchée, terrain gagné pied à pied dans le sommeil.
L’été prochain, j’espère aller à côté de vous, les parents et toi.
Mieux vaut avoir un pied en moins qu’en avoir un dans la tombe, c’est ce que m’a dit un amputé des jambes qui pensait me faire rire.
Pas de nom

3 août 1916
Chère Maman,
Cette nuit dans le dortoir j’ai rêvé de vous.
Deux ans que je n’avais pas rêvé et mon premier rêve est pour vous.
Comment vas-tu ? Y a-t-il des nouvelles de Papa ?
Comment vont les gosses ?
Aujourd’hui nous sommes en train de faire une course de sac et plein d’autres activités.
Je passe une très belle journée, les infirmières jouent avec nous. Il y a si longtemps que je n’avais pas vu de femmes.
Ici il y a des très jeunes, il y en a qui pleurent.
Il y en a qui veulent fuir.
Profiter d’être ici pour s’enfuir.
Ils n’en peuvent plus de cette boucherie.
Mais que feront-ils dans la nature ? Il paraît qu’on fusille les déserteurs.
J’ai vu le fils de ta sœur, j’étais vraiment heureux. Il a beaucoup changé mais je ne t’en dis pas plus.
Notre uniforme est blanc, de même que celui de l’infirmière, et l’uniforme de l’arbitre est noir.
Les infirmières préparent d’autres activités.
Jean-Pierre

jeudi 13 décembre 2012

L'écriture mode d'emploi


D'octobre à décembre 2012, avec des étudiants de l'ENASS (Ecole Nationale des Assurances), nous avons construit peu à peu une "maison texte" en commençant par accumuler du matériau, comme autant de briques textuelles :
- A partir des lieux de l'enfance de chacun d'abord, un inventaire le plus exhaustif possible, puis à partir de l'un de ces lieux, un récit autobiographique...
- Puis à partir de reproductions d'Edward Hopper mettant en jeu des lieux d'habitation, des personnages... En faisant marcher ses cinq sens... Laisser venir un début de situation dramatique (comme le propose si justement Alain Knapp dans son ouvrage AK, une Ecole de la Création Théâtrale) ;
- A partir d'un article de journal également, imagination d'une mise en jeu théâtrale en choisissant un point de vue subjectif : dialogue, monologue... et pourquoi pas, dans un deuxième temps, la proposition d'une forme poétique en contrepoint ;
- D'autres matériaux aussi, construits à partir d'odeurs (à la manière des Parfums de Philippe Claudel) ou de moments significatifs, liés à des lieux précis de notre histoire ("Où étiez-vous le 11 septembre 2001 ?").

Peu à peu des lieux, des temps, des protagonistes émergent...

Et en faisant se rencontrer les textes, on peut leur assigner les pièces d'une maison, à la manière de Georges Perec dans sa Vie Mode d'Emploi. C'est un travail d'ordonnancement un peu fastidieux, comme le montrent ces images... Mais en quelques heures, on peut, en imaginant des liens entre les personnages, les faire se rencontrer dans cette maison, sur une durée de 24 heures. Pas mal d'élagages, des transformations, pour qu'à l'arrivée le texte produit nous mène au seuil d'une fiction : de toute cette construction, une histoire commence à naître.

Laurent Contamin

mardi 30 octobre 2012

Révélations

(c) Laurent Contamin
Dans le cadre de la résidence de la Compagnie Fond de Scène au lycée professionnel Gustave Eiffel d'Ermont (95) avec le soutien de la DRAC Ile-de-France, je suis parti de ma pièce Lisolo - et des deux scènes de révélation, de dévoilement d'un secret, qui la structurent (l'aveu de l'adulte et l'aveu de l'adolescent) - pour proposer à des élèves de Première (avec lesquels nous avons aussi fait un détour par le conte et Les Veilleurs de Jour) et de Terminale d'écrire, à leur tour, sur la thématique de la révélation.

L'imagination était au rendez-vous : parmi les textes produits, on trouve la découverte d'une délation qui a eu lieu entre voisins et qui eut à l'époque des conséquences tragiques, un secret que l'effondrement des tours du World Trade Center en 2001 faillit ensevelir à jamais, l'amour d'un professeur envers sa dulcinée qui parvient enfin à se dire, au prix d'une inversion du cours du temps - rien de moins ! -, le legs par un vieillard à ses petits-enfants de son amour de la nature, une amitié amoureuse qui ose enfin dire son nom, une très mauvaise blague entre deux soeurs qui n'ont pas froid aux yeux, l'apaisement d'un sapeur-pompier qui apure ses comptes avec son passé...

Ces textes, écrits avec le soutien de l'enseignante Mme Sauvage, seront mis en voix par les lycéens de Gustave Eiffel dans le cadre d'un atelier animé par la comédienne Sandra Macedo et coordonné par Olivier David, pour une étape de travail en compagnie d'élèves d'écoles primaires le 19 décembre... Suite de l'aventure début 2013 avec la mise en scène de ce travail par Olivier David.

Laurent Contamin

vendredi 17 août 2012

Réduction

Un roman de 500 pages réduit à... une page. Exemple d'une écriture collective (5 adultes), dans le cadre d'un atelier mené à la médiathèque de Cormontreuil (Marne), en novembre 2011 :
(c) Laurent Contamin

"Au commencement de ma vie, ma scolarité fut marquée par un jugement récurrent qui devait la symboliser : Peut mieux faire.

J’aimais trop vagabonder dans les environs du village et surtout dans les souterrains du vieux château fort.

Jusqu’à mon treizième anniversaire.

Cette année-là en effet, Charles-Arthur vint habiter en face de chez moi et fréquenta assidûment notre maison.

Il m’ouvrit à l’archéologie.

Ce fut pour moi une rencontre déterminante ; cet homme m’avait réconcilié avec moi-même en posant sur moi un regard bienveillant, en transformant mon défaut de vagabondage en qualité d’explorateur et de découvreur du passé.

A ses côtés, je me sentais grandir de jour en jour.

Notre différence d’âge a toujours été un souci pour lui. Pas pour moi.

Il était mon modèle et j’ai réussi grâce à lui.

Me voici à présent à l’orée de ma retraite, assez fier du déroulement de ma vie, car je lis sur le carnet de notes de ma petite fille : Excellent travail, réussira !

J’ai la prétention alors de penser que Charles-Arthur n’est pas pour rien dans ces quelques mots."


Un recueil avec l'ensemble des textes écrits par les participants est tenu à la disposition du public à la médiathèque de Cormontreuil (51)