Avec Anne Mazarguil, Violaine de Carné et Delphine Lalizout, ateliers de création originaux à l'hôpital Jean Jaurès, Paris 19ème, qui font se succéder inspiration olfactive, écriture et mise en scène, avec les patients.
Extrait d'une des saynètes produites :
.../... A :
Tu m’inquiètes. Dis-moi que tu blagues, ou que je rêve, ou que…
B :
Tu peux monter, si tu veux.
A :
Mais… Et la maison…
B :
Quelle maison ?
A :
Comment ça quelle maison ?
B :
Il n’y a plus de maison. Les meubles ont disparu. On voit encore leur trace
dessinée sur les papiers peints décatis. Aux murs, les tableaux, les miroirs
ont laissé leur contour de poussière. Leur empreinte vide.
A :
Oui… Je vois ça très bien : grandes et hautes pièces fascinantes, moulures
d’un autre âge, grisaille des plafonds, vitres cassées, chiendent… Dehors, la
vigne vierge a envahi les murs. C’est une bâtisse abandonnée…
B :
Tu vois bien. Il suffira d’installer un filet, là, qui reliera notre arbre à ce
chêne. Ce sera notre lieu de vie. On sera très bien, ici.
A :
Mais qu’est-ce qu’on fera à part observer la flore, les feuilles, les fourmis,
les éphémères, les chenilles, les… enfin tout le… comment on appelle ça…
B :
L’écosystème.
A :
Oui voilà : l’écosystème. On va observer l’écosystème et après ?
B :
On prendra des notes, des mesures. On protégera les espèces menacées. On
sécurisera les nids. On éloignera les rapaces. On fera peur aux hiboux. On fera
de l’élevage de vers à soie. On remplira des tableaux, des graphiques, on vivra
de l’air du temps.
A :
L’air du temps.
B :
L’air du temps, parfaitement : je mettrai un panneau : « L’air
du temps ». ça change de
« Do mi si la do ré », « Home sweet home », « Mon
plaisir » ou « Sans
souci ». L’air du temps : voilà notre lieu de vie. Alors tu montes ou
tu restes ?
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