Une partie du groupe des "seniors", au théâtre Le Nickel, à l'issue d'une des séances |
Cette action, basée sur des ateliers d'écriture que j'ai le bonheur d'animer (avec à chaque rencontre une injonction d'écriture différente basée sur le thème des "premières fois que..."), prend place grâce à la Compagnie de l'Arcade (qui monte le spectacle Le Jardinier, de Mike Kenny, qu'ont pu voir les participants - à l'instar des ateliers menés à Gauchy) et au Théâtre Le Nickel de Rambouillet.
Initiés à l'origine lors de ma résidence d'écriture à Colombes il y a un an, ces ateliers "correspondances" prennent ici, à Rambouillet, une saveur particulière : ceci grâce à un prolongement théâtral (ateliers de lecture expressive des textes écrits et reçus, par la comédienne Anne de Rocquigny). C'est ainsi que le 23 juin prochain, au Théâtre Le Nickel, aura lieu une lecture mise en espace, en voix, en corps, par les correspondants qui le souhaiteront : les écrivains se feront lecteurs.
Un exemple de lettre écrite par un "junior"...
Les seniors se lisent leurs lettres : celles reçues, celles qui vont partir... Echange d'impressions |
Cher « je ne sais pas qui »,
La dernière fois que j'ai connu une très grande chaleur, j'étais en train de faire des pizzas avec mon père et si vous voulez refaire la recette il vous faut : de la pâte à pizza, de la sauce tomate, du fromage et des champignons.
Et quand j'ai ouvert le four, de la fumée est sortie et j'ai eu très chaud à la langue lorsque j’ai goûté, alors j’ai bu beaucoup d’eau !
Je ne sais pas si elle était très chaude ou si j'étais fier de ma pizza. Et vous comment ça va ? J'ai hâte d’être le 11 Avril pour vous rencontrer, pour savoir si vous êtes une fille ou un garçon.
Et vous quel est votre grand souvenir de chaleur ?
Signé Kento
... Et un exemple d'une autre lettre, écrite cette fois par une "senior" :
Bonjour Antoine,
Les "seniors" et les "juniors" rivalisent de talent... y compris pour la décoration des enveloppes ! |
Je m'appelle Françoise et j'ai attendu ta lettre avec impatience.
Ton dessin avec le chameau est
très joli. J'ai découvert que tu as eu plusieurs fois chaud et à
différentes occasions !!
Moi je me souviens d'un jour où
j'ai eu très chaud ! C'était l'été 1976. Enfant,
je passais chaque été à Mascousseil, un village de montagne situé en Lozère.
Depuis mes 9 ans, j'ai pris l'habitude d'aller avec
Pierre, le boulanger. J'aimais
bien être avec Pierre. C'était le
cousin de ma grand-mère. Chaque mardi après-midi, on partait tous les deux faire "la tournée dans la montagne" avec son vieux
camion gris - le même que Louis la Brocante. On faisait un circuit de petits
villages ou de maisons isolées pour aller vendre du pain, des gâteaux, des
fruits, des graines pour les poules... aux gens qui étaient loin du village, qui étaient âgés ou qui n'avaient pas de voiture.
Ce sont les juniors qui ont fabriqué, avec l'aide de leur enseignante, cette magnifique boîte à lettres |
En 1976, Pierre et moi étions en short et en débardeur tellement il faisait chaud. On appelle cela la canicule. Pour charger le camion, on faisait des allers-retours du four où il faisait son pain et ses gâteaux à dehors. A 14h précises, on partait le camion plein. Tout était réparti dans des caisses. Hum, ça sentait bon dans le camion...
Les deux sièges étaient recouverts de plastique ; avec le soleil qui avait tapé dessus pendant des heures, ils nous brûlaient et nous collaient les fesses. Une fois habitués, on commençait par descendre nos vitres à la main pour faire courant d'air et avoir moins chaud. Et nous voilà partis pour quatre heures de voyage...
Sortis du village, commençaient les montagnes, les ravins... Les caisses, mal calées, allaient de droite à gauche à chaque virage et finissaient par faire une petite musique. On attendait avec impatience Puzenne. Dans cette forêt de pins, on avait de l'ombre pendant quatre kilomètres. La forêt était fraîche et sentait bon.
Le facteur est passé... Un junior en pleine lecture de la lettre qu'il vient de recevoir et à laquelle il va répondre |
A la sortie de la
forêt, on traversait le vieux pont du Doulou, la petite rivière, et de nouveau
on se remettait à avoir chaud !! Adieu l'ombre !! Même les papillons avaient
l'air d'avoir du mal à se déplacer !! De temps en temps, Pierre me prêtait son
grand mouchoir à carreaux pour m'essuyer le visage car on transpirait beaucoup.
Lorsque qu'on arrivait quelque part, on klaxonnait pour annoncer notre arrivée. On s'arrêtait. On sautait du camion, on ouvrait les portes arrière et là, j'oubliais pour un instant la chaleur. J'étais l'assistante de Pierre et je jouais à la marchande.
Partout nous
étions bien accueillis. Les gens étaient heureux de nous voir, de parler et de
nous acheter à manger. Tous nous
offraient à boire pour nous rafraîchir. J'en ai bu des menthes à l'eau ce jour-là !!
Au plaisir de te lire,
Au plaisir de te lire,
Françoise
On en parle dans Les Nouvelles ! |
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